Le cabinet prend la défense de Paul D., militant du collectif Young Struggle agressé à Paris X par d’autoproclamés « nazis », lors d’une projection du film « Z » de Costa Gavras

Attaque du rassemblement antifasciste à Paris : un jeune mis en examen déjà condamné pour une agression raciste.

Parmi les six personnes mises en examen après le passage à tabac d’un militant antifasciste à Paris le 16 février, Alexandre H. est connu pour être un des auteurs d’une action raciste devant un lycée en 2023.


Sur la trentaine d’individus ayant passé à tabac Paul, militant à la CGT et à Young Struggle, le 16 février à Paris, lors d’une projection « antifasciste » du film Z de Costa-Gavras, six hommes – « tous issus de la mouvance d’extrême droite radicale », selon la préfecture de police citée par l’AFP – ont été interpellés dans les instants ayant suivi l’agression à l’arme blanche. Ils sont âgés de 18 à 24 ans.

Mercredi 19 février, un juge d’instruction les a mis en examen pour participation à un groupement en vue de commettre des violences ou des dégradations et pour violences volontaires en réunion, avec préméditation et en ayant fait usage d’une arme, selon le parquet de Paris. 

Le juge des libertés et de la détention a placé l’un d’eux en détention provisoire, les cinq autres sous contrôle judiciaire. Celui qui a été incarcéré est un apprenti en CAP fromagerie âgé de 23 ans.

« L’affrontement s’inscrit dans une rivalité entre ultradroite et antifas. Mon client se rend à cette association culturelle dans le but de provoquer, mais il ne projette pas les faits de violence qui vont suivre », a assuré à l’AFP son avocate, Camille Lucotte. « Il faut faire attention à l’emballement médiatique et politique. En réalité, ce sont des jeunes, sans casier judiciaire, qui agissent plus dans une quête d’appartenance à un groupe que par convictions politiques », a-t-elle déclaré.

Condamné en 2023

Un autre participant à ce que le parquet de Paris a qualifié de « rixe » avait déjà défrayé la chronique il y a moins de deux ans : Alexandre H., qui a eu 18 ans en janvier, a été condamné en 2023, selon les informations de Mediapart. Assumant avoir été un sympathisant de la Division Martel, un groupuscule d’extrême droite violente dissous fin 2023, ce masculiniste adepte de Cross-Fit, de musculation et de fitness rencontrerait régulièrement des militants néonazis dans une salle de sport du XIIIe arrondissement de Paris.

Encore mineur, il était un des auteurs de l’agression raciste ciblant des jeunes d’origine arabe, le 20 avril 2023, devant le lycée parisien Victor-Hugo (IIIe arrondissement). À la sortie des cours, une quinzaine d’individus, visages masqués, avaient alors gazé à la bombe lacrymogène des lycéens, puis leur avaient asséné des coups de béquille et de bouteille.

« Cours, espèce de sale bougnoule ! », avaient crié à au moins deux reprises les agresseurs. Des stickers « Division Martel » avaient été retrouvés sur la porte du lycée à l’issue de l’action.

Une vidéo des faits a ensuite été diffusée sur Instagram par un homme se vantant d’avoir été présent lors de l’agression. Sur la vidéo, avant de passer à l’acte, les futurs auteurs crient ensemble : « Jambon Hooligans ! »

À la suite de réquisitions judiciaires, le réseau social a désigné Alexandre H. comme le titulaire du compte et l’étude de sa téléphonie a confirmé sa présence sur les lieux. Pour ces faits, Alexandre H. a été reconnu coupable par le tribunal pour enfants de Paris le 12 décembre 2023. Il a participé au lynchage de Paul alors que sa sanction pour l’affaire précédente n’a pas encore été appliquée. 

Les auditions des victimes ont révélé que l’adolescent, alors âgé de 16 ans, était à l’origine de l’expédition punitive. Deux jours plus tôt, des élèves lui avaient téléphoné pour se moquer de la vie qu’il se serait inventée en Russie (sa mère y est née). Il leur avait répondu par des insultes à caractère raciste. Après avoir raccroché, il appelait à la rescousse des membres de la Division Martel.

Lors de la perquisition au domicile familial, les policiers avaient découvert dans son sac à dos des gants coqués, prisés par les nervis d’extrême droite pour leurs expéditions punitives, et des stickers « FCK AFA » (pour « Fuck les antifas »), « Zone nationaliste » et « Hate democracy ». Le jeune homme avait pris ses distances avec les violences et les motivations racistes, déclarant qu’un ami lui avait expliqué que « FCK AFA » était un club de foot.

Le décret de dissolution de la Division Martel, le 6 décembre 2023, pointait entre autres que le groupuscule considérait « les confrontations violentes avec les militants antifascistes » comme « un rite de passage ». Les auteurs de l’agression du 16 février semblent s’inscrire dans la même logique.

Selon une source proche de l’enquête, Alexandre H. désigne encore les « antifas » comme des « adversaires » à casser. Il dit avoir été ajouté à une boucle WhatsApp, vendredi 14 février, pour « montrer présence », c’est-à-dire se battre.

De leur côté, les avocats de la victime, Laurent Pasquet-Marinacce et Youri Krassoulia, ont annoncé le 20 février à l’AFP qu’ils allaient se constituer partie civile. « Nous demanderons à ce que Paul soit entendu rapidement », ont-ils indiqué.

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