La justice française refuse d’extrader un descendant d’un des derniers rois de Roumanie

Paul de Roumanie, 75 ans, est visé par un mandat d’arrêt européen depuis une condamnation en 2020 en Roumanie pour trafic d’influence et complicité. La cour d’appel de Paris a estimé mercredi que son extradition présentait « un risque de violation de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne ».


Il dénonce des poursuites « politiques ». La cour d’appel de Paris a refusé mercredi la remise à Bucarest d’un descendant d’un des derniers rois de Roumanie, Paul de Roumanie, pour exécuter une condamnation dans une affaire de restitution illégale de biens. La chambre des extraditions a refusé cette remise « en raison d’un risque réel de violation de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne ». Cette décision peut faire l’objet d’un pourvoi du ministère public.

Pardessus noir, costume bleu et chemise mauve, Paul Philip Al Romaniei, dit Paul de Roumanie, 75 ans, a accueilli la décision avec le sourire, et a étreint ses proches. « Je savais que je recevrais (en France) ce qui m’a été refusé en Roumanie : un procès équitable fondé sur des preuves et une application impartiale de la loi », s’est félicité l’intéressé, selon un communiqué de ses avocats Me Laurent Pasquet-Marinacce et Edward Griffith. Cette décision « constitue une pleine reconnaissance de mes droits en tant qu’héritier légitime de Carol II », a-t-il affirmé.

Paul de Roumanie était visé par un mandat d’arrêt européen émis le 18 décembre 2020, au lendemain de sa condamnation en appel par la Haute Cour de cassation roumaine à trois ans et quatre mois de prison pour trafic d’influence et complicité. Il est accusé d’avoir œuvré avec une bande d’escrocs, entre 2006 et 2013, pour récupérer des propriétés qu’il revendiquait en tant qu’héritier, dont la forêt de Snagov et la ferme de Baneasa. Dans cette affaire, 18 personnes ont été condamnées, parmi lesquelles les hommes d’affaires israéliens Tal Silberstein et Beny Steinmetz, et le préjudice pour l’État a été estimé par les procureurs à 145 millions d’euros.

Jamais reconnu comme un membre de la famille royale

Lors d’une audience le 4 octobre devant la chambre des extraditions de la cour d’appel de Paris, Paul de Roumanie avait refusé d’être remis aux autorités roumaines. Son père, Carol Mircea Grigore, né en 1920 en Roumanie, était considéré comme le fils illégitime de Carol II, qui fut roi de Roumanie de 1930 jusqu’à son abdication en 1940 au bénéfice de son fils cadet Michel 1er. En 1947, la famille royale a été chassée de Roumanie par les communistes et ses propriétés ont été confisquées. Carol Mircea Grigore a obtenu la reconnaissance de sa filiation avec Carol II au Portugal, où il vivait, en 1955, puis en France en 1963 et en Roumanie, bien plus tard, en 2012.

Paul de Roumanie, doté des nationalités française, britannique et roumaine et qui vit actuellement en France, était retourné vivre dans le pays de ses aïeux dans les années 1990. Il n’a jamais été reconnu comme membre de la famille royale par son oncle Michel, dernier roi de Roumanie, mort en 2017. Selon lui, c’est parce qu’il réclame son héritage composé de propriétés, terrains et tableaux de maîtres qu’il fait l’objet de poursuites judiciaires.

Parallèlement, Paul de Roumanie a entamé une procédure judiciaire à Paris pour récupérer des tableaux, dont deux œuvres du peintre Le Greco, sortis de Roumanie par son oncle Michel 1er en 1947.

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