Petite-Île : L'opposant de Serge Hoareau condamné pour diffamation

Le cabinet défend la réputation de Serge Hoareau, président de l’Association des maires de La Réunion


Jean-Hugues Suzanne était jugé hier pour diffamation à l'encontre du maire de Petite-Île. En début d'année, l'opposant municipal publiait diverses accusations sur l'édile de manière hebdomadaire sur son compte Facebook. Il a été reconnu coupable, le tribunal estimant qu'il devait s'exprimer dans les lieux destinés au débat politique.


S'il a brillé par son absence au Conseil municipal depuis les élections de 2020, Jean-Hugues Suzanne a tout de même voulu se faire entendre auprès de la population. Mais plutôt que d'utiliser le Conseil municipal ou la partie réservée à l'opposition dans le journal de la ville pour cela, l'opposant a préféré utiliser son compte Facebook pour un édito du lundi assez particulier.

Entre janvier et février, Jean-Hugues Suzanne a lancé plusieurs accusations envers le maire de la commune. Entre une supposée relation entre lui et son ancienne directrice de cabinet qui aurait abouti à un délit de favoritisme, des détournements de fonds publics "en misouk" ou encore des prises illégales d'intérêts sur le dos des seniors, les accusations sont graves.

"J'estime avoir fait mon devoir d'informer la population sur les détournements de fonds publics. Je n'ai rien contre la personne de Serge Hoareau, j'ai juste joué mon rôle d'opposant. J'ai peut-être dit des choses qui dépassent ma pensée, mais sur le fond, j'ai pas l'impression d'avoir diffamé, j'ai juste dit la vérité", s'est défendu Jean-Hugues Suzanne.

"C'est une vraie campagne de dénigrement"

Les deux avocats du maire de Petite-Île vont démontrer que les attaques ont débuté lorsque la subvention municipale n'a pas été renouvelée pour l'association présidée par l'épouse de l'opposant. Cette association, destinée à permettre aux seniors d'avoir des activités, avait fait l'objet d'une main courante pour ne pas avoir respecté les promesses lors d'un voyage de groupe en Thaïlande. Une plainte qui a motivé le non-renouvellement de la subvention.

"Jean-Hugues Suzanne considère que le lieu du débat public ne se joue pas dans le lieu consacré, mais dans le déversoir des réseaux sociaux. Il y a 75 publications qui visent expressément Serge Hoareau. C'est une vraie campagne de dénigrement. La liberté d'expression n'est jamais absolue, il y a une limite, surtout quand cela dévie en attaque personnelle", souligne Me Laurent Pasquet-Marinacce, l'un des conseils du maire de Petite-Île.

Me Jérôme Maillot, également venu défendre Serge Hoareau, ajoute "qu'à part ses déclarations, la base factuelle a de sérieux défauts. Il ne vient pas au Conseil municipal comme les électeurs lui ont donné mandat. Il ne s'exprime que dans un lieu moins contradictoire qu'est Facebook. Il refuse même de créer un groupe d'opposition pour écrire dans le journal municipal."

"Il a surtout eu de la maladresse"

Pour défendre l'opposant, Me Fabrice Saubert va déjà rappeler le faible impact qu'ont les posts sur Facebook, avec seulement 4 ou 5 commentaires chacun et encore moins de partages. "En écoutant la partie civile, on a l'impression qu'à La Réunion, il y a l'édito du samedi de Jacques Tillier et le post du lundi de Jean-Hugues Suzanne. Je ne suis pas sûr que Serge Hoareau se réveillait le lundi matin, terrifié à l'idée du nouveau post à venir", argumente-t-il.

L'avocat de la défense va ensuite poursuivre en expliquant que son client est "maladroit, car c'est son premier mandat" et "qu'il peut faire un lien entre sa candidature aux élections municipales et la fin de la subvention pour l'association de sa femme. Est-ce diffamatoire ? Il a surtout eu de la maladresse. Allez expliquer ça dans un Conseil municipal avec un public hostile. De plus, l'évolution de la directrice de cabinet pose question", affirme Me Saubert qui demande la relaxe.

Finalement, les juges vont le reconnaître coupable en précisant que "les propos dépassent ce qui est dans le cadre du débat politique". En répression, il est condamné à une amende de 1500 euros avec sursis et doit verser 500 euros à Serge Hoareau pour le préjudice moral. Les magistrats ont rappelé à l'opposant que "ses accusations doivent être faites dans les lieux prévus à cet effet."

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