Info Ouest-France. Mis en examen pour tentative d’assassinat, ce Francilien a été interpellé à la porte de l’amant de sa compagne. Serait-il passé à l’acte ? Le doute lui permet d’éviter les poursuites.
Il avait été surnommé le « Dexter angevin ». Un Francilien de 32 ans, mis en examen pour tentative d’assassinat, vient de bénéficier, jeudi, d’une ordonnance de non-lieu.
En combinaison blanche
L’histoire remonte au 7 novembre 2014. Vers 1 h du matin, les policiers, alertés par des voisins, cueillent, dans un immeuble du 73, boulevard Joseph-Bédier à Angers, un drôle de personnage. Alertés par des voisins, ils tombent sur cet homme, portant des foulards et des gants en latex, armé d’un gourdin en bois. Quelques secondes plus tôt, il était enveloppé de la tête aux pieds dans une combinaison blanche pour protéger ses vêtements. Comme l’a filmé un voisin par l’œilleton de la porte.
19 bouteilles d’acide sulfurique
Dans un premier temps, le trentenaire reconnaît son projet. Oui, il est venu de la région parisienne pour éliminer l’amant de sa compagne. Un amant qui, heureusement ce soir-là, dormait chez son père. Dans son véhicule sont stockées 19 bouteilles d’acide sulfurique destinées à faire disparaître le corps. Comme dans la série américaine où Dexter, un policier scientifique-justicier, élimine lui-même les criminels avant de dissoudre leurs dépouilles.
Une préméditation mais pas de crime
A-t-il commis un crime ? Pas pour la juge d’instruction Géraldine Rigollot. Après près de trois ans d’enquête, elle vient de rendre une ordonnance de non-lieu. Pour la magistrate, « la préméditation est caractérisée par différents actes préparatoires qui signent son projet criminel ». Pour récupérer l’adresse de son rival, le conjoint trompé avait pourtant pris le soin de se faire passer pour sa compagne dans des SMS. Il avait acheté le matériel et les produits en argent liquide, pour ne pas laisser de traces. Dans son périple, il n’avait embarqué, ni téléphone portable, ni papiers d’identité, pour éviter de se faire tracer ou identifier. Il avait même repéré un coin de campagne pour cacher le cadavre. Un stratagème inspiré directement de la série, selon son propre aveu.
Actes « insuffisants » pour caractériser une tentative d’assassinat
Mais la juge considère ces actes « insuffisants à caractériser le commencement d’exécution de l’incrimination d’assassinat ». Ils ne permettent pas d’« établir un lien direct et immédiat avec une infraction déterminée ». Et il paraît impossible de prédire comment la rencontre aurait pu tourner.
« Qu’une obsession : tuer mon client »
Un raisonnement qui ravit Me Laurent Pasquet-Marinacce, avocat du mis en examen. « Il est éperdument amoureux de sa femme. Mais il existe une différence entre vouloir tuer quelqu’un et passer à l’acte. » Représentant de la victime, Me Loïc Cabioch ne comprend pas cette décision. « Tout ce qu’il fait dans les jours précédents démontre qu’il n’avait qu’une obsession : tuer mon client. Il a sonné à la porte à plusieurs reprises. Jusqu’à l’arrivée des policiers. »
Partie civile et parquet font appel
Il fait appel de l’ordonnance. Tout comme le parquet d’Angers. Le procureur de la République, Yves Gambert avait pris des réquisitions de renvoi du Dexter angevin devant la cour d’assises. Un choix « contraire à la jurisprudence », considère Me Pasquet-Marinacce, serein avant l’audience devant la chambre de l’instruction, dans les prochaines semaines.