Angers. Le Dexter angevin ira-t-il devant la cour d’assises ?

À Angers, la chambre de l’instruction a débattu de la question. Elle rendra son délibéré le 21 mars prochain.


Le Dexter angevin finira-t-il devant la cour d’assises du Maine-et-Loire ? La question épineuse a occupé une partie des débats de la chambre de l’instruction de la cour d’appel d’Angers, hier. Les magistrats examinaient les appels formés contre l’ordonnance de non-lieu délivrée par la juge d’instruction.

Combinaison blanche, gants en latex

Le trentenaire est interpellé le 7 novembre 2014, au 73, boulevard Bédier, à Angers. Un voisin a appelé la police pour signaler la présence suspecte d’un homme se promenant au 4e étage, en combinaison blanche et masqué. Au niveau supérieur, les fonctionnaires trouvent ce Parisien, portant des gants en latex et un foulard, également armé d’un gourdin en bois.

Dix-neuf bouteilles d’acide sulfurique

Très vite, l’intrus avoue son plan : il a fait la route pour régler son compte à l’amant de sa compagne. Il avait prévu de l’assommer, de le rouler dans une bâche, avant de l’emmener en voiture dans un coin de campagne isolé, repéré préalablement. Il y aurait fait disparaître le corps. Dans le véhicule, dix-neuf bouteilles d’acide sulfurique confirmaient ce sinistre dessein. Heureusement, son rival n’était pas chez lui.

Séries américaines

Mis en examen pour tentative d’assassinat, celui qui assure s’être inspiré de séries américaines dont Dexter échappe au renvoi devant les assises. Dans une ordonnance délivrée le 6 septembre 2017, le juge Géraldine Rigollot rend un non-lieu. Malgré les aveux et les preuves. Elle considère que, « si l’existence d’une résolution criminelle est bien établie, il y a lieu de s’interroger sur le fait de savoir si [le mis en examen] a réalisé des actes suffisants à caractériser un commencement d’exécution d’une tentative d’assassinat. »

Préméditation, mais pas de tentative d’assassinat

Pour la magistrate, « la préméditation […] caractérisée par différents actes préparatoires qui signent son projet criminel » est insuffisante. Le trentenaire « aurait pu se satisfaire d’un comportement menaçant, de faits de violences volontaires ou d’une séquestration ». Cette incertitude l’empêcherait de renvoyer cette affaire devant une cour d’assises. En particulier parce qu’il n’existe pas, dans le droit français, de tentative de violences volontaires ou de menaces.

L’avocat général veut un procès

Ce mercredi, Me Laurent Pasquet-Marinacce, en défense, a de nouveau soutenu cette théorie qui a convaincu la juge d’instruction. Il a fait face à Me Loïc Cabioch, avocat de l’amant visé par l’opération. Ainsi que l’avocat général Yves Delpieré. Le parquetier a demandé le renvoi du Dexter angevin devant la cour d’assises. Pour lui, les actes posés démontrent la tentative d’assassinat. Ils justifient un procès.Délibéré le 21 mars.

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